Ce matin, nous partons en treck depuis Srinagar vers Naran Naag, un petit village dans la chaîne Himalayenne.
Peu à peu, nous voyons disparaître notre house boat, et sur le port, nous faisons la connaissance de notre futur guide et denotre chauffeur pour cette aventure.
Nous traversons Srinagar et passons dans l'arrière de la ville où nous découvrons là un paysage de guerre ...ou d'après guerre ... Les routes sont défoncées, des fils barbelés sont parsemés par-ci par-là, des militaires partout et des maisons qui tiennent à peine debout.
Le Cachemire est une région d'Inde très surveillée, car elle est disputée entre le Pakistan et l'Inde, depuis l'indépendance. De nombreux enjeux rentrent en compte ; les religions, sa géostratégie industrielle et touristique, mais aussi le conflit de l'eau.
Comme vous avez pu voir, l'eau coule en abondance dans cette région alors que dans les vallées basses d'Inde ainsi qu'au Pakistan, les récoltes sont plus maigres, bref de nombreuses bombes et actes terroristes sont fréquents.
Même pour partir en treck dans les montagnes, nos guides se sont assurés que nous avions bien nos papiers avec nous. Pas plus de 4000 touristes étrangers s'aventurent dans cette région à cause de cette situation
et l'on dit qu'ils sont plus d'1 million de militaires !
Les Indiens disent que cette région est une des plus militarisée du monde, mais la vie s'y déroule normalement, femmes et enfants vivent au milieu de cet univers et de ce tableau qui nous avait semblé idyllique.
Bien sûr, on connaissait la situation instable, mais le voir et vivre au milieu des militaires, des barbelés, des barrages, des contrôles et savoir que l'on se trouve à vol d'avion plus près du Pakistan que de New Delhi me laisse matière à réfléchir, ce qui est pour ma part déstabilisant, du moins pas rassurant.
Mais nous faisons confiance à nos hôtes, et ils nous rassurent tout le temps.
Comme je vous le disais avant, ici nous avons appris ce mot maître : NO PROBLEM
Dans un petit village, notre cuisinier fait stopper le chauffeur pour acheter du poulet....
Bêtement, et venant d'un pays où tout est facile, je me demandais comment il comptait les conserver durant ces 3 jours ??? C'est alors que je le vois se rappliquer avec 3 poulets vivants plus ou moins KO, attachés par les pattes et qu'il dépose à ses pieds. Tout le long du trajet, il passera son temps à assommer ces pauvres bêtes laissant dans ce conflit quelques plumes volées.
Pour les défenseurs d'animaux, je vous assure qu'ils ont la technique et je pense qu'ils sont moins stressés que certains poulets élevés en batterie et que l'on retrouve en barquette dans nos rayons .....
Jusqu'à arriver dans une sorte de petit village nommé Naran Naag,
où se trouve un temple dédié à la déesse Shiva.
Nous arrivons enfin dans la maison d'Aslam, notre nouveau guide des montagnes, nous faisons connaissance. Alors que je remplis la gourde au puit pour aider à servir le thé Cachemirien, à base de cardamone, et de graines de Ceylan, les enfants sont tout existés de voir des étrangers ...
Ils sont heureux de nous montrer leur dernier jeu fabriqué maison...
Le temps de déguster ce merveilleux thé légèrement sucré et aux arômes prononcés, nous parlons de la suite du programme et nous nous mettons d'accord pour nous séparer.
L'équipe du chef cuisto partirait monter le camp pendant qu'Aslam, Manu et moi (qui avait choisi l'option cheval) partirions après eux pour aller faire quelque chose ou rejoindre quelqu'un ... bref, nous n'avions pas tout compris....
Puis, Aslam me demandait de descendre de cheval et de continuer à pieds avec Manu. Du temps, il resterait en bas, devant les gros rochers, avec le cheval qui n'aurait pu les escalader. Nous continuons à marcher et à grimper encore et encore jusqu'à perdre de vue le guide qui, avec sa main, nous faisait toujours signe de monter.
Quand au loin, je vis un fagnon blanc flotter dans l'air. Manu était persuadé qut'il fallait continuer jusqu'à lui et que nous y trouverions le camp de l'équipe de notre cher cuisinier. Mais je l'en dissuadais de monter plus haut, pour moi ce n'était pas envisageable qu'ils aient pu monter jusque là-haut avec autant de matos, sans chevaux, alors qu'ils étaient partis que quelques minutes avant nous !
Je ne voulais plus avancer, je commençais à avoir peur de me perdre dans cette immensité.
Je laissais Manu avancer seul vers ce fagnon blanc qui me semblait encore loin. Je restais donc sur place jusqu'à ce que je ne vis plus ni Manu, ni le guide ; lorsque soudain un sentiment de panique me prit, une crise d'angoisse me serra la gorge, je ne pouvais plus bouger.... j'étais tétanisée sur place car je me rendais compte où j'étais vraiment .... "au milieu de la chaîne Himalayenne, à quelques kilomètres de Srinagar où je venais de voir, quelques heures plus tôt, un paysage d'après guerre et où je me savais plus loin de New Delhi que de la frontière Pakistanaise .... pays à triste réputation.....
Je me posais mille questions et les réponses que je m'apportais ne faisaient que noircir plus le tableau.
Pourquoi les guides avaient-ils insistés pour que nous ayions nos passeports et ce en pleine montagne ?
Et le reste du camp, il ne pouvait être là-haut ? Non, mon premier raisonnement était le bon ! Ils étaient à pieds, ce n'était pas possible ... et tous ces contrôles de douanes, de polices et de militaires que nous avions eu sur la route alors que nous n'étions pas sortis du pays ! pourquoi ?
Et si on s'était fait avoir ? Peut-être étions nous déjà au Pakistan ? Et ce fagnon blanc, Manu y était-il ? Il avait peut-être des problèmes ....Il fallait que je redescende pour questionner le guide afin de savoir ce qu'il y avait là-haut ?
Mais au fond de moi, je savais que cela ne servirait à rien ! Tout comme moi, Aslam parlait l'anglais comme "2 vaches Espagnoles" (comme le dit l'expression française) !
Et Manu ... je ne pouvais pas redescendre et le laisser tout seul !
J'étais coincée ! Je regardais tout autour de moi et m’efforçais de me persuader que j'avais de la chance d'être là où j'étais ... J'observais les montagnes qui m'entouraient mais ce silence lourd pesait en masse sur moi et me donnait mal à la tête. Seul était présent le grondement sourd et vif de la rivière qui couvrait mes cris quand j'appellais Manu.
J'observais alors les cîmes des arbres qui balancaient sous l'effet d'un vent chaud qui sifflait dans la vallée et me concentrait dessus.
Mais je ne pouvais plus me contrôler et j'imaginais qu'un tigre allait venir se jeter sur moi ou qu'un ours venait pêcher son poisson dans la rivière où je me trouvais .....
Puis, après ce long moment qui m'avait semblé être interminable, je vis Manu qui redescendait tout en sifflotant et en sautillant sur ses jambes comme un enfant .... Tout ça pour RIEN !! Tant mieux me voilà soulagée mais pourquoi donc j'avais réagi ainsi !!! En fait, j'avais eu le syndrome du voyageur ! Je sus plus tard qu'il existe même le syndrome Indien (sources Wikipédia ... voir ci-dessous)
Une fois le camp monté, nous remarquions un poulet en moins et sentions alors une odeur succulente arriver jusqu'à nos narines. Je culpabilisais un peu pour ce poulet, mais après avoir vu la misère des bidonvilles je finissais par relativiser. Nous nous asseyions sur un grand drap pour souper quand soudain, notre cher cuisto arriva en courant et écrasa un tout petit scorpion de la taille d'une pièce de 1 centime d'Euro et nous dit : "the smallest but most dangerous" le plus petit mais le plus dangereux...vite j'allais asperger la tente dans le cas où ....
Le lendemain, nous nous levions courbaturés mais sans aucune piqûre de quoi que ce soit !
La nuit fut mouvementée par la fraîcheur et le grondement sourd de la rivière qui nous servit de salle de bain. En raison du fort courant, nous n'avions pu y rentrer complètement mais, tout de même, nous avions pu faire un brin de toilette.
Ce matin, nous partons faire l'ascension de Boutchelli. La montagne est si abrupte que je ne peux monter sur mon cheval Bono car de gros rochers sont à escalader tout d'abord.
Enfin, je monte sur son dos et nous progressons en compagnie des gitans des montagnes qui changent leurs bêtes de pâturages.
Les femmes et les enfants tirent les chevaux et les ânes chargés à bloc tandis que les hommes guident les vaches, les chèvres et moutons.
Tout ce petit monde n'arrêtent pas d'aller et venir sur le flanc de montagne et j'observe leur façon de circuler. Tout en fumant leur beedies et chaussés de sandalettes, ils courent dans tous les sens et crient sur les bêtes pour les faire avancer.
Certains nous arrêtent, content de voir des étrangers, et nous demandent des médicaments pour le mal au crâne. Tout le long, nous leur distribuons quelques aspirines.
Durant ces 3 h 00 de rude ascension, mon petit cheval avancera à tâton en s'assurant de mettre correctement ses pattes entre les gros cailloux parsemés sur les petits sentiers créés par les gitans à force de leurs "allez et venues". Certains gosses descendent en courant, avec de petits tongs aux pieds et pour arrêter leur course, dans cette pente rude, ils grimpent sur le tronc des arbres qui poussent en forme de virgule sur le flanc de la montagne.
Quelque fois, les sentiers sont si étroits que mon petit cheval prend toute la largeur du chemin, laissant pendre mon pied dans le vide.
Au bout des 3 h 00 d'ascension, nous arrivons sur un immense plateau où nous avons pu apercevoir les neiges éternelles des pics de la chaîne Himalayenne.
Nous prenons une pause déjeuner et repartons finalement rapidement car le temps change vite et l'oxygène commence à nous manquer car nous sommes à plus de 3500 mètres d'altitude.
La descente fût aussi rude que la montée ! Je ne pouvais pas prendre mon petit cheval car la descente était beaucoup trop abrupte pour avoir du poids sur lui. Je me munissais de 2 bâtons pour m'aider dans la stabilité et freinais grâce à eux car parfois je me sentais partir en avant. Je devais sélectionner chacun de mes pas à travers les rochers.
Le lendemain, nous repartions dans les alentours mais cette fois en longeant la rivière.
C'est à ce moment là que je me rendis compte que la selle de Bono craquait et faisait un bruit de cuir bizarre... Je soulevais les couvertures et découvrais que la selle était fixée avec des petits lacets de corde usés.
Heureusement que je ne m'en étais pas rendu compte la veille ... pendant l'ascension de Boutchelli !....
Car j'avais dû solliciter rudement les cordelettes en m'y cramponnant très fort lorsque je passais au-dessus du vide.
Voici les quelques derniers clichés souvenirs de notre jeune guide de 17 ans, Aslam et père déjà de 2 enfants ....
Nous rentrons chez lui et continuons nos clichés souvenirs dans cette famille si gentille qui partageait le peu dont elle disposait.
Il me semblait que tout était sale, et pourtant ce n'était que de la terre, de l'eau, et quelques mouches qui me donnaient cette illusion.
Nous étions dans une nature préservée, dans une vie simple et sans superflue. Je comprenais tout le sens du terme de "la vie matérialiste" qui m'avait semblé être jusque-là indispensable au bonheur.
J'étais forcée de constater que malgré leur mince confort et la barrière de la langue, ils se contentaient de ce qu'ils avaient, et que même avec rien on pouvait donner beaucoup, ils communiquaient simplement leur joie de vivre !!!
Peu à peu, nous voyons disparaître notre house boat, et sur le port, nous faisons la connaissance de notre futur guide et denotre chauffeur pour cette aventure.
Nous traversons Srinagar et passons dans l'arrière de la ville où nous découvrons là un paysage de guerre ...ou d'après guerre ... Les routes sont défoncées, des fils barbelés sont parsemés par-ci par-là, des militaires partout et des maisons qui tiennent à peine debout.
Le Cachemire est une région d'Inde très surveillée, car elle est disputée entre le Pakistan et l'Inde, depuis l'indépendance. De nombreux enjeux rentrent en compte ; les religions, sa géostratégie industrielle et touristique, mais aussi le conflit de l'eau.
Comme vous avez pu voir, l'eau coule en abondance dans cette région alors que dans les vallées basses d'Inde ainsi qu'au Pakistan, les récoltes sont plus maigres, bref de nombreuses bombes et actes terroristes sont fréquents.
Même pour partir en treck dans les montagnes, nos guides se sont assurés que nous avions bien nos papiers avec nous. Pas plus de 4000 touristes étrangers s'aventurent dans cette région à cause de cette situation
et l'on dit qu'ils sont plus d'1 million de militaires !
Les Indiens disent que cette région est une des plus militarisée du monde, mais la vie s'y déroule normalement, femmes et enfants vivent au milieu de cet univers et de ce tableau qui nous avait semblé idyllique.
Bien sûr, on connaissait la situation instable, mais le voir et vivre au milieu des militaires, des barbelés, des barrages, des contrôles et savoir que l'on se trouve à vol d'avion plus près du Pakistan que de New Delhi me laisse matière à réfléchir, ce qui est pour ma part déstabilisant, du moins pas rassurant.
Mais nous faisons confiance à nos hôtes, et ils nous rassurent tout le temps.
Comme je vous le disais avant, ici nous avons appris ce mot maître : NO PROBLEM
Dans un petit village, notre cuisinier fait stopper le chauffeur pour acheter du poulet....
Bêtement, et venant d'un pays où tout est facile, je me demandais comment il comptait les conserver durant ces 3 jours ??? C'est alors que je le vois se rappliquer avec 3 poulets vivants plus ou moins KO, attachés par les pattes et qu'il dépose à ses pieds. Tout le long du trajet, il passera son temps à assommer ces pauvres bêtes laissant dans ce conflit quelques plumes volées.
Pour les défenseurs d'animaux, je vous assure qu'ils ont la technique et je pense qu'ils sont moins stressés que certains poulets élevés en batterie et que l'on retrouve en barquette dans nos rayons .....
En chemin, dans les lacets de la montagne, nous admirons les paysages enchanteurs, magnifiques et envoûtants, nous rappelant de temps en temps les reliefs Alpins...
A ça près ...
Les maisons traditionnelles....
Les locaux ...
Les paysans ...
Les enfants ....
Jusqu'à arriver dans une sorte de petit village nommé Naran Naag,
où se trouve un temple dédié à la déesse Shiva.
Nous arrivons enfin dans la maison d'Aslam, notre nouveau guide des montagnes, nous faisons connaissance. Alors que je remplis la gourde au puit pour aider à servir le thé Cachemirien, à base de cardamone, et de graines de Ceylan, les enfants sont tout existés de voir des étrangers ...
Ils sont heureux de nous montrer leur dernier jeu fabriqué maison...
Le temps de déguster ce merveilleux thé légèrement sucré et aux arômes prononcés, nous parlons de la suite du programme et nous nous mettons d'accord pour nous séparer.
L'équipe du chef cuisto partirait monter le camp pendant qu'Aslam, Manu et moi (qui avait choisi l'option cheval) partirions après eux pour aller faire quelque chose ou rejoindre quelqu'un ... bref, nous n'avions pas tout compris....
Sur le chemin, des enfants, qui étaient au bas d'un flanc de montagne, arrivèrent vers nous en courant, en riant et en disant sans cesse : photos, photos ....!!! Nous les prenons donc en photo avec notre numérique et nous leur montrons le résultat sur le petit écran de l'appareil ..... et là, les petits étaient encore plus joyeux et riaient de bon cœur en demandant toujours plus de photos... photos .... photoooooos ......... ce qui nous marqua !!
Puis, Aslam me demandait de descendre de cheval et de continuer à pieds avec Manu. Du temps, il resterait en bas, devant les gros rochers, avec le cheval qui n'aurait pu les escalader. Nous continuons à marcher et à grimper encore et encore jusqu'à perdre de vue le guide qui, avec sa main, nous faisait toujours signe de monter.
Quand au loin, je vis un fagnon blanc flotter dans l'air. Manu était persuadé qut'il fallait continuer jusqu'à lui et que nous y trouverions le camp de l'équipe de notre cher cuisinier. Mais je l'en dissuadais de monter plus haut, pour moi ce n'était pas envisageable qu'ils aient pu monter jusque là-haut avec autant de matos, sans chevaux, alors qu'ils étaient partis que quelques minutes avant nous !
Je ne voulais plus avancer, je commençais à avoir peur de me perdre dans cette immensité.
Je laissais Manu avancer seul vers ce fagnon blanc qui me semblait encore loin. Je restais donc sur place jusqu'à ce que je ne vis plus ni Manu, ni le guide ; lorsque soudain un sentiment de panique me prit, une crise d'angoisse me serra la gorge, je ne pouvais plus bouger.... j'étais tétanisée sur place car je me rendais compte où j'étais vraiment .... "au milieu de la chaîne Himalayenne, à quelques kilomètres de Srinagar où je venais de voir, quelques heures plus tôt, un paysage d'après guerre et où je me savais plus loin de New Delhi que de la frontière Pakistanaise .... pays à triste réputation.....
Je me posais mille questions et les réponses que je m'apportais ne faisaient que noircir plus le tableau.
Pourquoi les guides avaient-ils insistés pour que nous ayions nos passeports et ce en pleine montagne ?
Et le reste du camp, il ne pouvait être là-haut ? Non, mon premier raisonnement était le bon ! Ils étaient à pieds, ce n'était pas possible ... et tous ces contrôles de douanes, de polices et de militaires que nous avions eu sur la route alors que nous n'étions pas sortis du pays ! pourquoi ?
Et si on s'était fait avoir ? Peut-être étions nous déjà au Pakistan ? Et ce fagnon blanc, Manu y était-il ? Il avait peut-être des problèmes ....Il fallait que je redescende pour questionner le guide afin de savoir ce qu'il y avait là-haut ?
Mais au fond de moi, je savais que cela ne servirait à rien ! Tout comme moi, Aslam parlait l'anglais comme "2 vaches Espagnoles" (comme le dit l'expression française) !
Et Manu ... je ne pouvais pas redescendre et le laisser tout seul !
J'étais coincée ! Je regardais tout autour de moi et m’efforçais de me persuader que j'avais de la chance d'être là où j'étais ... J'observais les montagnes qui m'entouraient mais ce silence lourd pesait en masse sur moi et me donnait mal à la tête. Seul était présent le grondement sourd et vif de la rivière qui couvrait mes cris quand j'appellais Manu.
J'observais alors les cîmes des arbres qui balancaient sous l'effet d'un vent chaud qui sifflait dans la vallée et me concentrait dessus.
Mais je ne pouvais plus me contrôler et j'imaginais qu'un tigre allait venir se jeter sur moi ou qu'un ours venait pêcher son poisson dans la rivière où je me trouvais .....
Puis, après ce long moment qui m'avait semblé être interminable, je vis Manu qui redescendait tout en sifflotant et en sautillant sur ses jambes comme un enfant .... Tout ça pour RIEN !! Tant mieux me voilà soulagée mais pourquoi donc j'avais réagi ainsi !!! En fait, j'avais eu le syndrome du voyageur ! Je sus plus tard qu'il existe même le syndrome Indien (sources Wikipédia ... voir ci-dessous)
Syndrome indien[modifier]
Il concerne les touristes se rendant en Inde, pays dans lequel tous leurs repères n’ont plus cours. La foule, le bruit, les odeurs, la pauvreté, les excès du climat (mousson, chaleur…), l’omniprésence de la mort et du mysticisme provoquent, dans le meilleur des cas, une folle envie de fuir, mais peuvent également engendrer un vacillement de la personnalité parfois accompagné de troubles psychiatriques importants. Normalement, ces symptômes cessent lorsque les personnes touchées rentrent chez elles9.
Nous retournons auprès d'Aslam qui patientait tranquillement en fumant un "beedie" (cigarette typique d'Inde, où le tabac est roulé dans une feuille verdâtre, comme un mini cigarillo mais conique).
J'avais honte d'avoir eu cette peur incontrôlée, et indirectement, d'avoir surtout douté de sa confiance et
lui dis que tout s'était bien passé (ce qui n'était pas en partie faux !)
Nous ne sûmes jamais ce qu'il y avait sous ce fagnon blanc ! Manu, ne s'étant pas rendu jusque là-bas (peut-être avait-il eu raison, que lui serait-il alors arrivé ?), avait tout simplement grimpé pour avoir un panoramique dégagé, c'était ça le but !!!
Nous redescendimes la vallée et Aslam nous conduisit finalement au camp où nous l'autre équipe nous attendait.
Une fois le camp monté, nous remarquions un poulet en moins et sentions alors une odeur succulente arriver jusqu'à nos narines. Je culpabilisais un peu pour ce poulet, mais après avoir vu la misère des bidonvilles je finissais par relativiser. Nous nous asseyions sur un grand drap pour souper quand soudain, notre cher cuisto arriva en courant et écrasa un tout petit scorpion de la taille d'une pièce de 1 centime d'Euro et nous dit : "the smallest but most dangerous" le plus petit mais le plus dangereux...vite j'allais asperger la tente dans le cas où ....
Le lendemain, nous nous levions courbaturés mais sans aucune piqûre de quoi que ce soit !
La nuit fut mouvementée par la fraîcheur et le grondement sourd de la rivière qui nous servit de salle de bain. En raison du fort courant, nous n'avions pu y rentrer complètement mais, tout de même, nous avions pu faire un brin de toilette.
Ce matin, nous partons faire l'ascension de Boutchelli. La montagne est si abrupte que je ne peux monter sur mon cheval Bono car de gros rochers sont à escalader tout d'abord.
Enfin, je monte sur son dos et nous progressons en compagnie des gitans des montagnes qui changent leurs bêtes de pâturages.
Les femmes et les enfants tirent les chevaux et les ânes chargés à bloc tandis que les hommes guident les vaches, les chèvres et moutons.
Tout ce petit monde n'arrêtent pas d'aller et venir sur le flanc de montagne et j'observe leur façon de circuler. Tout en fumant leur beedies et chaussés de sandalettes, ils courent dans tous les sens et crient sur les bêtes pour les faire avancer.
Certains nous arrêtent, content de voir des étrangers, et nous demandent des médicaments pour le mal au crâne. Tout le long, nous leur distribuons quelques aspirines.
Durant ces 3 h 00 de rude ascension, mon petit cheval avancera à tâton en s'assurant de mettre correctement ses pattes entre les gros cailloux parsemés sur les petits sentiers créés par les gitans à force de leurs "allez et venues". Certains gosses descendent en courant, avec de petits tongs aux pieds et pour arrêter leur course, dans cette pente rude, ils grimpent sur le tronc des arbres qui poussent en forme de virgule sur le flanc de la montagne.
Quelque fois, les sentiers sont si étroits que mon petit cheval prend toute la largeur du chemin, laissant pendre mon pied dans le vide.
Au bout des 3 h 00 d'ascension, nous arrivons sur un immense plateau où nous avons pu apercevoir les neiges éternelles des pics de la chaîne Himalayenne.
Nous prenons une pause déjeuner et repartons finalement rapidement car le temps change vite et l'oxygène commence à nous manquer car nous sommes à plus de 3500 mètres d'altitude.
La descente fût aussi rude que la montée ! Je ne pouvais pas prendre mon petit cheval car la descente était beaucoup trop abrupte pour avoir du poids sur lui. Je me munissais de 2 bâtons pour m'aider dans la stabilité et freinais grâce à eux car parfois je me sentais partir en avant. Je devais sélectionner chacun de mes pas à travers les rochers.
Le lendemain, nous repartions dans les alentours mais cette fois en longeant la rivière.
C'est à ce moment là que je me rendis compte que la selle de Bono craquait et faisait un bruit de cuir bizarre... Je soulevais les couvertures et découvrais que la selle était fixée avec des petits lacets de corde usés.
Heureusement que je ne m'en étais pas rendu compte la veille ... pendant l'ascension de Boutchelli !....
Car j'avais dû solliciter rudement les cordelettes en m'y cramponnant très fort lorsque je passais au-dessus du vide.
Voici les quelques derniers clichés souvenirs de notre jeune guide de 17 ans, Aslam et père déjà de 2 enfants ....
Nous rentrons chez lui et continuons nos clichés souvenirs dans cette famille si gentille qui partageait le peu dont elle disposait.
Il me semblait que tout était sale, et pourtant ce n'était que de la terre, de l'eau, et quelques mouches qui me donnaient cette illusion.
Nous étions dans une nature préservée, dans une vie simple et sans superflue. Je comprenais tout le sens du terme de "la vie matérialiste" qui m'avait semblé être jusque-là indispensable au bonheur.
J'étais forcée de constater que malgré leur mince confort et la barrière de la langue, ils se contentaient de ce qu'ils avaient, et que même avec rien on pouvait donner beaucoup, ils communiquaient simplement leur joie de vivre !!!